Verhaal
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

 

 Anima et Persona : Un conte au coin du feu

Aller en bas 
AuteurMessage
Wanderer
Dernière Entité
Wanderer


Nombre de messages : 96
Date d'inscription : 26/06/2007

Anima et Persona : Un conte au coin du feu Empty
MessageSujet: Anima et Persona : Un conte au coin du feu   Anima et Persona : Un conte au coin du feu EmptySam 25 Juin - 4:20

ENUMA ELIŠ

« Lorsqu'en haut il n'y avait qu'immatière, l'univers naquit. Au commencement, il n'y avait rien. Rien, sinon le néant et l'essence. Rien, sinon tout. Rien, sinon... Anima. Et son ennui.
À eux seuls, ils emplissaient le gouffre noir de l'univers, et plus celui-ci grandissait, plus Anima en souffrait. Alors, elle se décida à tuer son ennui en créant quelque chose.
C'est ainsi qu'elle commença à tracer des formes dans le néant. Et puis d'autres. Et d'autres, encore. Des formes qu'elle esquissait, puis qu'elle oubliait, et qui flottaient, abandonnées, dans le vide. Elle cherchait à obtenir la plus parfaite, et elle finit par obtenir une sphère. Elle la trouva si belle qu'elle la fit grande et imposante...
Et ainsi naquit l'immatérielle Terre...
Puis, parce que ce qu'elle avait créé ne devait pas rester vide, Anima se prit d'une envie de la peupler, et elle envoya sur la Terre des poupées et des jouets. Elle voulut offrir aux poupées de quoi s'amuser avec les jouets, et pour qu'elles puissent profiter de la beauté du monde, Anima leur donna des yeux ; pour qu'elles puissent s'y mouvoir et sentir le monde autour d'elles, elle leur offrit le toucher. Elle en créa de toutes les formes, jusqu'à ce qu'elle en trouve une bien belle, qui se tenait droite et fière...
Et c'est ainsi que l'humanité fit ses premiers pas...
Pourtant, Anima s'ennuyait encore. Car la vie qu'elle donnait aux poupées, c'était la sienne, et elles ne lui offraient aucune surprise. Alors, elle leur offrit l'indépendance, et de leur liberté, jaillit une nouvelle entité...
Et c'est ainsi que la matière naquit de l'énergie, et que Persona apparut... »

Sur le visage du vieux conteur, le feu dessinait de jolis dessins tout d'ombres et de lumières oranges, qui ondulaient lentement sur ses rides. Il fumait sa pipe à grosses bouffées odorantes, laissant les balancements de sa chaise et le brasier de la cheminée bercer son jeune public de grincements et de crépitements... Un faible raclement de gorge se mêla à la mélodie ronronnante de sa voix, avant que Neriad Meyr ne reprenne son histoire d'un ton un peu chevrotant.

« Quand Persona reprit les rênes d'Anima en incarnant à sa place les poupées, l'Impalpable était persuadée de pouvoir enfin contempler son œuvre en paix...
Mais libérée de son harmonie, les poupées devinrent instables et brutales ; et puisqu'elles avaient des yeux pour se voir, elles se détestèrent ; et puisqu'elles avaient des corps pour vivre sur la Terre, alors elles s'entre-tuèrent, s'étranglant les unes et les autres.
Anima fut consternée de voir ses créations se déchirer ainsi, souillant leur perfection et s'ôtant la vie qu'elle leur avait accordé.
Alors, elle leur fit part de son premier don, et leur offrit l'ouïe et la musique, pour adoucir leurs mœurs et les mener vers la création...
Mais les poupées répondirent par le vacarme et la cacophonie.
Alors, elle leur fit part de son second don, et leur offrit le goût, et des mets délicieux, pour qu'ils prennent plaisir à la vie et voient les mérites du travail.
Enfin, pour que la paix règne dans leurs cœurs, elle leur offrit l'odorat, et fit pousser l'Ariane, à l'odeur si douce qu'elle les apaisa. »

Il toussa un peu, et aspira encore quelques bouffées ; puis il se servit du thé, et le but. C'était doux, chaud et sucré, comme une belle histoire au coin du feu...

« Depuis ces temps-là, l'essence et le palpable, Anima et Persona, doivent maintenir l'équilibre primordial entre leurs deux règnes : quand vinrent les plantes, les rocs, les océans, le ciel et les êtres vivants, créés par Anima, Persona les souillait ; ce qui devenait palpable devenait alors mauvais, imparfait, et ne regagnait sa pureté qu'en étant habité par Anima. »

Un enfant leva timidement la main. Le vieux général eut un petit rire, qui sonnait comme du bois qui grince, et lui donna la parole.
« Oui ?
- Comment on sait si on est habité par Anima ? »
Bouffée de fumée. Gorgée de thé...
« C'est très simple : nous le sommes tous. Nous sommes tous animés par de l'énergie. Et qui dit énergie dit magea. Tout ce qui a une parcelle de pureté a une âme et a donc accès à la magea. Même les animaux. Mêmes les plantes. Mêmes les rochers, la terre, les lacs et la pluie.
- Et si c'est pas habité par Anima ?
- Alors, mon petit... Si ce n'est pas habité par Anima, tu es en danger. Parce que seules les choses purement mauvaises ne sont pas habitées par Anima... Des choses mauvaises que nous connaissons tous. Des choses que nous appelons... »
Devant lui, les enfants, effrayés, retenaient leur souffle, guettant sur ses lèvres les mots funestes...
« Flaws. »

Une multitude de petits yeux étaient rivés sur les reflets du feu qui illuminaient les verres des lunettes du vieux général. Contrairement à son habitude, il n'avait porté ni sa pipe, ni sa tasse de thé à ses lèvres. Il avait juste laissé ses iris bruns se perdre quelque part au fond de la salle et sa respiration s'étouffer dans le tabac lourd épris d'opium qui polluait l'air.
Un gamin ou deux se gratta, eut un tic ou s'assit plus confortablement. Ils attendaient quelque chose de la part de leur conteur devenu silencieux. Mais il semblait qu'il s'était perdu ailleurs, dans le vaste monde de ses pensées et de ses souvenirs. Seule cette voix éraillée savait l'y retrouver et le ramener les pieds sur terre :

« Ah... Je connaissais la version où Persona venait avant Anima. Il y en a même une où les deux Entités apparaissent simultanément. Mais je risque de rendre le public confus, là... »

La totalité des enfants tourna la tête en arrière pour apercevoir une silhouette qu'ils avaient ignorée jusque là. Adossé contre le mur, sa fidèle caisse de métal posée à ses pieds, c'était plutôt lui que Neriad qui pourrissait l'air de la pièce avec son joint roulé qu'il tenait entre le pouce et l'index. La lumière du feu parcourait la salle pour éclater sur le cyan vif de ses yeux et éclairer son visage dépourvu d'émotions.
Le Général de la Luciole releva la tête vers son collègue. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
« Tu prends la relève ? »
Le fumeur du fond de la salle resta silencieux et jeta un regard vide à Neriad. Ce dernier savait très bien que le Général du Paresseux ne voulait pas se fatiguer à parler. C'était l'une de ces éternelles blagues qu'ils avaient entre eux, de se forcer à travailler ou à s'épuiser. Et Noah venait de perdre au jeu.
Il se gratta le haut du crâne du bout de son auriculaire, son joint toujours fermement coincé entre ses doigts. Il se releva et se déplaça devant la cheminée. Les yeux de son audience suivaient chaque de ses pas. Il finit enfin par se mettre tout juste devant la première rangée, accroupis, ses iris étincelants dévisageant chacun des enfants. Il en choisit un en particulier, et lui jeta un demi-sourire.

« Dis-moi, toi. Tu penses que Persona est bien méchant, n'est-ce pas ? »
Neriad regardait le spectacle, sirotant sa tasse de thé du bout des lèvres.
« Et bien... Il l'est, non ?
- Persona est quelqu'un de triste à voir. Il inspire plus la pitié que le mépris. » répondit le Paresseux de sa voix douce.
« Je ne comprends pas... » répondit l'enfant.
« On ne lui a pas laissé l'occasion de créer quelque chose de beau, mais uniquement de le détruire. Anima a créé une grandiose sculpture de verre ; elle a heurté le sol puis s'est éclatée. La seule chose que Persona pouvait faire, c'est passer le balai derrière. »
Il reprit une bouffée de fumée de sa cigarette. Son public était émerveillé.

« Quelque part sur cette basse terre rouge comme le sang qui coule dans nos veines marchent les pieds des Entités. Les âmes d'Anima et Persona n'ont pu se contenter du simple boulot de spectateurs, et elles sont donc venues s'introduire parmi nous. Pour nous saluer, peut-être, ou pour nous faire comprendre quelque chose par le biais d'énigmes. Toutes deux maintiennent une balance parfaitement équilibrée de matière et d'immatière ; Anima mena cette balance à tanguer en créant l'Ariane, et Persona dut créer quelque chose en retour pour rétablir cette balance. Elle créa donc des masques qu'on enfile, que nous portons tous... Cette peau qui nous tiens encloitrés dans les murs d'une pièce étrange.
C'est cette même peau qui recouvre les flaws et le vide qu'ils sont. Nous commettons tous des erreurs. Nous en sommes dès notre naissance. Et moi comme toi, petit, on pourrait rejoindre ces trous noirs à notre mort. »

Le feu tremblait dans les pupilles des enfants. Et eux aussi, ils étaient trop apeurés pour bouger. Ces sombres idées hantaient leurs pensées et leurs imaginations si jeunes. Ils étaient pétrifiés par l'effroi et attendaient les prochains mots du Paresseux.
À la place, il tira une autre bouffée de son interminable joint.

« Un jour, vous aussi, vous rencontrerez quelqu'un qui vous sourit avec malice. Dans ses yeux, vous lirez une grande peine. Vous ne vous remarquerez rien jusqu'à ce que cet instant prenne fin. Et là, alors là, vous vous direz...
C'était Persona. »
Fumée de tabac.
« Et puis le lendemain, vous rencontrerez une jeune fille à la beauté hypnotisante. Vos yeux croiseront les siens et vous vous perdrez dans le parfum qu'elle dégage. Là aussi, vous resterez aveugles. Et puis vous vous direz...
C'était Anima. »
Les enfants ne bougeaient toujours pas. Quant à lui, Neriad Meyr éclaircissait son visage d'un doux sourire.

« La balance du monde ne fait que tanguer d'un côté, puis de l'autre. Les flaws ne sont pas une malédiction, mais une fatalité. Et la beauté du monde ne nous est pas interdite à jamais... Le destin marche depuis toujours, et sur cette même terre rouge marchent des êtres qui dépassent notre compréhension. Ce sont ces êtres qui détiennent la clé de la porte qui enferme l'Ariane. Lorsqu'ils trouveront cette porte, elle sera libérée, et nos vies seront à nouveau prospères... »

Les enfants soupiraient de soulagement. Mais les yeux cristallins trouvèrent encore une cible à interroger.
« Dis-moi, toi... Tu penses qu'on effacerait l'histoire si l'Ariane venait à réapparaître ? »
Neriad eut une secousse d'un rire qu'il s'apprêta à couper pour laisser l'enfant répondre. C'était là une question piège.
« Ben... À quoi cela servirait-il d'apprendre une histoire d'un passé qui ne pourra plus se reproduire ? Puisque le bien règnera ? »
Le pouce du Général Paresseux était brûlé, et son calice de fumeur allait encore s'agrandir. Il dévisagea le gamin, qui avait l'impression d'avoir mal compris la question. La salle entière attendait la réaction de leur conteur. Il lâcha enfin le tas de cendres roulées qui lui détruisaient le pouce.
« C'est vrai... Tu n'as pas tort... »
Il se releva et écrasa les restes de la cigarette avec sa sandale.

« Mais il y a eu, il y a, et il y aura toujours des gens qui se fatigueront à gaspiller de l'encre pour écrire l'histoire. Et ça, il ne faudra jamais le jeter, et le conserver à jamais, peu importe le temps et l'époque. Quant à l'histoire que vous venez d'entendre, elle est sans doute écrite dans quelques bouquins. Mais vous, vous allez l'écrire ailleurs... »
Un sourire illumina tous les visages de la salle tandis que le feu dansait de joie.
« Dans vos souvenirs. »
Revenir en haut Aller en bas
 
Anima et Persona : Un conte au coin du feu
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Verhaal :: ANETHA IOS :: ‽ LIVRE DE LAMECH :: Histoires courtes-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser